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La peau comme organe protecteur ​
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N’ayant pas effectué d’études dans le domaine de la santé, cette partie n’a pas vocation à être exhaustive mais peindre un fonctionnement généralisé de la peau en tant qu’organe.
La peau est souvent caractérisée comme l’enveloppe du corps. C’est en effet un organe qui forme une enveloppe corporelle pour protéger l’organisme. Mais la peau c’est avant tout l’organe le plus grand du corps humain. Elle pèse entre 3,5 et 10 kilogrammes et couvre une surface d’environ 2m² en fonction de la taille de l’individu. La peau est aussi un organe à la structure complexe qui se compose de trois couches superposées : l’épiderme (la couche la plus en surface directement en contact avec l’extérieur), le derme (couche épaisse) et l’hypoderme (la couche la plus profonde). Nous ne rentrerons ici pas dans les détails du fonctionnement de ces différentes couches et nous vous proposons de visionner cette courte vidéo explicative :
Vidéo explicative sur le fonctionnement de la peau et de ses 3 différentes couches : l’épiderme, le derme et l’hypoderme.
En plus d’être un organe volumineux, la peau est aussi reconnue pour ses nombreuses propriétés essentielles de protection et de développement de la personnalité. Il s’agit d’un organe complexe dont le fonctionnement a deux finalités : assurer la communication entre l’organisme et le milieu environnant, et protéger l’organisme des agressions extérieures.
Tout d’abord, la peau protège l’organisme en constituant une barrière contre les agressions de l’environnement extérieur. Elle le protège des chocs, de la pollution, de certaines maladies mais possède d’autres propriétés essentielles telles que la photoprotection ou encore la thermorégulation. Enfin, elle constitue aussi un réservoir à nutriments, vitamines et à eau.
Une de ses fonctions clés réside dans la formation d’un film cutané appelé film hydrolipidique de surface qui représente la première barrière protectrice et le premier bouclier de la peau contre la pénétration de certains agents extérieurs, comme les bactéries, les champignons ou les allergènes. Ce film émulsion “eau dans huile” au pH légèrement acide, constitué entre autres de sueur et de sébum participe à la souplesse de la peau et permet de conserver une peau saine. Mais ce film est en interaction continue avec l’environnement et peut donc être rapidement fragilisé. Prendre soin de ce film hydrolipidique constitue donc le premier geste beauté si nous voulons préserver une peau en bonne santé. Enfin, comme le reste du corps, la peau évolue, se modifie et vieillit.
La peau comme organe sensoriel
Mais la peau, c’est aussi un organe sensoriel possédant de nombreuses terminaisons nerveuses permettant à l’organisme d’explorer son environnement par le toucher. Il s’agit à ce titre d’un organe en interaction continue avec le cerveau. Ces échanges cerveau-peau sont dus au fait que ces deux organes ont la même origine embryologique : ils se forment en même temps, au 21ème jour du développement de l'embryon (Pauline Caussanel, 2018, p.40). La peau fournit au cerveau des informations sensorielles importantes : le froid, le chaud, le toucher, les chocs ou la douleur. Ce que la peau reçoit, elle le transmet. Et à l’inverse, le cerveau peut nous relayer une information par la peau. Par exemple, en situation de stress ou de contrariété, des poussées de psoriasis, d’eczéma ou encore d’acné seront favorisées. Finalement le caractère sensible de la personnalité est rendu visible par la sensibilité de la peau. La peau nous permet d'interagir avec les autres : c’est un organe de la communication et de la relation sociale. C’est une forme de langage social : à travers sa couleur, sa texture et son odorat, elle transmet des messages sociaux et sexuels. Enfin, la peau c’est la mémoire des émotions, des hauts et bas de la vie en ce sens qu’elle laisse transparaître un ressenti (ex: rougir face à un compliment ou quand on est en colère, pâlir quand on a peur, etc.), permet de témoigner un désir (quoi de plus sensuel que de découvrir la peau de l’autre ?) ou un attachement (l’attachement parental) (Odile Chabrillac, 2017 - Psychologies).
“Dans le jeu de la séduction, si le désir passe par la vue et la voix, il se concrétise
à fleur de peau”
(Odile Chabrillac, 2017 - Psychologies)
De nombreuses études montrent d’ailleurs le rôle de la peau dans le développement de la personnalité dès l’enfance. Notamment par l’interaction des parents avec le bébé ou encore l’enfant avec son environnement. Selon Jacqueline Nadel, chercheuse au laboratoire de psychologie de la Sorbonne à Paris, “L’amour naît du contact” (Odile Chabrillac, 2017 - Psychologies). Le toucher permet la connaissance et la reconnaissance de l’autre. C’est une des raisons pour lesquelles les bébés ressentent le besoin d’être pris dans les bras, d’être caressés et une des raisons de l’importance des massages. Une grande partie de la personnalité se développe dans l’enfance notamment au travers des interactions entourage/enfant : “La communication qui existe au sein du duo mère-enfant joue donc un rôle fondamental dans le développement de la personnalité de l’enfant. Que ce soit pour la mère ou pour l’enfant, on constate une influence mutuelle suscitant une chaîne d’interactions qui passent notamment par le langage, le toucher et les caresses. Au fur et à mesure que les interactions se renouvellent elles laissent des traces mnésiques, autant sur le plan du langage que celui de la construction de la personnalité de l’enfant.” (Pauline Caussanel, 2018, p.41).
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Et selon Didier Anzieu, psychanalyste auteur de Le Moi-Peau en 1974, la personnalité “se façonne d’abord par une prise de conscience de notre peau”. La peau, c’est ce que nous voyons en premier dans un miroir, c’est l’image que nous avons de nous-même. Aussi, le maquillage ou les tatouages constituent autant de façons de communiquer avec l’autre, d’exprimer une différence ou une appartenance. C’est l’image de l’identité de l’individu. La peau est “un lieu de mémoire, où notre vie laisse, au fil du temps, une empreinte indélébile.” (Odile Chabrillac, 2017 - Psychologies). C’est une raison pour laquelle on peut voir les rides ou les cicatrices comme des récits de la vie.
Pour toutes ces fonctions centrales, notamment dans le développement de la personnalité et dans la protection de l’organisme, protéger sa peau apparaît essentiel. Il s’agit alors d’utiliser les bons produits et les bons gestes pour ne pas l’agresser et fragiliser son pH, par exemple. Nous commençons alors à nous dire qu’avoir un produit personnalisé aux besoins de la peau du consommateur semble être la solution logique :
“La personnalisation prend tout son sens dans le secteur des cosmétiques, car ce sont des produits que l’on applique sur la peau, et la peau est l’essence même de notre personnalité.”
(Pauline Caussanel, 2018, p.42)
Les cosmétiques ne constituent pas des remèdes miracles aux problèmes cutanés
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Nous comprenons donc que la peau est un organe essentiel du corps humain dont il s’agit de prendre soin. C’est aussi le seul organe vital que l’on peut voir. A ce titre, nous nous attachons à la maintenir en bonne santé, à la sublimer voire à l’embellir, particulièrement au travers de l’application de soins cosmétiques. Mais dans cette quête de la peau parfaite, n’en n'attendons-nous pas trop des soins pour la peau ? Pouvons-nous réellement attendre d’une crème qu’elle soit révolutionnaire et règle tous nos problèmes de peau à elle-seule ? Alors que les discours de certaines marques skincare peuvent nous faire croire à cette promesse, il ne faut pourtant pas espérer d’un produit cosmétique qu’il remplisse les mêmes fonctions qu’un traitement médicamenteux. Un médicament est une substance ou une composition qui présente des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies, dont les affections cutanées. Un produit cosmétique n’a pas pour vocation de soigner la peau. Il ne vient pas guérir une maladie de peau ou un problème cutané. A la différence d’un médicament, un produit cosmétique est “toute substance ou mélange destiné à être mis en contact avec les parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, de les parfumer, d'en modifier l'aspect, de les protéger, de les maintenir en bon état ou de corriger les odeurs corporelles” (définition de l’ANSM - Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Tout réside ici dans le terme “superficiel”. Les cosmétiques restent en effet superficiels dans leurs actions. L’adjectif cosmétique est d’ailleurs défini comme “superficiel, qui ne modifie pas en profondeur” selon le dictionnaire de L’internaute. Et plus généralement, la cosmétique est “l’art d’embellir les choses sans en transformer la nature intrinsèque”. Là où un traitement médicamenteux a pour objectif de soigner les problèmes cutanés, un produit cosmétique skincare ne pourra pas agir en profondeur et ce n’est d’ailleurs pas son objectif.
Prenons maintenant une préoccupation majeure des consommateurs qui ne constitue pas une maladie de peau : les conséquences physiques du vieillissement de la peau. Pouvons-nous espérer d’une simple crème cosmétique qu’elle vienne corriger voire supprimer les traces laissées par le temps sur la peau du consommateur ? A ce propos, Fanny Authieu, fondatrice de la marque de soins personnalisables MADY, affirmait au sujet des produits cosmétiques lors de notre rencontre : “On apporte du bien-être, mais on est censés ne pas traverser la couche de l’épiderme. Donc quelque part on ne peut pas soigner des miracles. C’est vraiment… La cosmétique c’est superficiel. Si vous voulez une crème anti-rides, il faut aller faire du botox, faire des injections. Après, au bout d’un moment on n’invente pas. L'actif “Rajeunis-Moi” va accompagner la peau pour rester plus ferme, pour accueillir les expressions du visage et pour éviter de fixer les rides trop tôt dans le temps. Mais par contre on ne va pas diminuer, on ne va pas enlever des rides, ça n’existe pas" (Annexe III). Ces propos viennent illustrer le fait qu’un produit cosmétique reste superficiel et que seuls des actes médicaux peuvent agir en profondeur.
Mais si c’est superficiel, à quoi bon en utiliser ? Les produits skincare sont pourtant bien utiles voire parfois nécessaires. S’ils ne permettent pas de guérir une affection cutanée ou corriger en profondeur, ils peuvent venir améliorer l’aspect général de la peau et la maintenir en bon état. Les soins cosmétiques deviennent aussi nécessaires pour apporter du confort ou bien apaiser les effets secondaires de certains traitements, lorsque nous avons une peau asséchée ou qui tiraille par exemple. Ici, la personnalisation prend tout son sens. A partir d’un diagnostic de peau, les marques seront en mesure de formuler un soin qui prend en compte les éléments extérieurs affectant la qualité de la peau, comme par exemple un traitement médicamenteux asséchant ou une exposition fréquente à la pollution ou encore au vent. Ce soin sera alors d’autant plus à même d’apporter du confort à la peau. Et cela fait l’objet d’une question dans un bon nombre de questionnaires de diagnostic de peau des marques de skincare personnalisé, comme l’illustrent ces parties de diagnostics cutanés proposés par les marques Laboté et My Blend.
Exemples de questionnaires servant de diagnostics beauté pour les marques.
À gauche, Laboté. À droite, My Blend. Sur ces deux exemples, une question est prévue pour prendre en compte le recours à un traitement dermatologique pouvant assécher la peau.
Tous ces éléments à prendre en compte font partie de ce qu’on appelle “l’exposome”, qui se définit comme “l'ensemble des expositions à des facteurs non génétiques favorisant l'apparition de maladies chroniques, auxquelles un individu est soumis de sa conception in utero à sa mort” (INERIS 2019). Il représente “l’ensemble des expositions qui peuvent influencer la santé humaine tout au long de la vie. Il comprend les expositions physiques extérieures, le contexte psychologique et social et les régulations du milieu intérieur” (Académie Nationale de Médecine, 2019). L’enjeu pour les marques de skincare personnalisé est alors de prendre en compte de façon exhaustive les composantes de notre exposome pouvant affecter la qualité de notre peau.
Finalement, les cosmétiques, et il en va de même pour le skincare personnalisé, permettent d’entretenir une peau saine, de maintenir un confort cutané et de venir sublimer la peau. Mais ils ne sont pas des traitements utilisés pour résoudre des problématiques de peau plus poussées telles que l’acné, les taches pigmentaires, la dermite séborrhéique ou encore le psoriasis.